L'ART, LE PLAISIR, LA PEINTURE
Je me souviens, enfant, j'adorais dessiner. Si je n'avais pas choisi la musique, je crois que le dessin l'aurait emporter, le sort en a voulu ainsi. Le week-end, quand nous allions voir mes grand-parents, à la campagne, je passais le plus clair de mon temps à reproduire des dessins d'Astérix, de Gai-Luron, de Lucky-Luke... en inventant des histoires ou des situations. Peut-être pour fuir la réalité qu'était la mienne à ce moment-là de mon existence face à l'incompréhension des autres, de ce que j'étais, de ce qu'il se passait dans ma tête, me sentant toujours différent, isolé, mais en quoi ? C'était à moi de le découvrir.
Bien des années plus tard, ma fille Anastassïa prend des cours de dessin dans un petit village, proche de chez nous. L'ambiance y est agréable, chaleureuse, Lionel le professeur, est sympathique, abordable et pédagogique. Voyant ses dessins, je me vois enfant. L'envie me gagne de plus en plus, l'envie d'apprendre aussi, et après 35 ans sans avoir touché un crayon de ma vie, je me lance dans la réalisation de tableaux en peinture. L'âge n'existe plus pour commencer d'avoir envie d'aimer, toujours l'amour de faire quelque chose de ses propres mains, c'est se sentir exister et bien vivant.​
Je m'appelle Anastassïa et j'aime le dessin depuis petite. À vrai dire, je ne sais plus quand exactement j'ai commencé mais je me souviens que j'aimais faire les dessins habituels que tous les enfants commencent à tester de griffonner sur du papier, tel que des bonhommes, chevaux, animaux...surtout ce qui me plaît. Comme j'avais des chevaux près de chez moi, c'est devenu un plaisir de pouvoir les redessiner. Puis je voyais ma maman dessiner rapidement, ce qui m'a encouragé à continuer. Tout ce que je voyais, qui attirait mon œil d'enfant émerveillée par ce qui l'entoure, allait apparaître sur une feuille. De là, je me suis mise à faire de tout ! Chaussures, bouteilles, paysages...jusqu'à faire énormément de chevaux inspirés de mes livres équins. Je me souviens même que mon imagination en primaire était à son point culminant car durant les apprentissages de poésie, on se devait de dessiner une illustration.
Ce qui me faisait rire et plaisir, c'est que de nombreux de mes camarades de CM1 et CM2 me demandaient de leur faire des dessins pour les aider, ce que je faisais volontiers. Par la suite, à partir du collège, j'ai commencé à m'intéresser encore plus aux détails.
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Mon désir de reproduire avec précision s'intensifiait particulièrement lors des récréations ou des pauses au début du collège. Assise dans un coin, un crayon à la main, je m’appliquais à esquisser ce qui m’entourait : les maisons visibles à l’horizon ou le collège lui-même, dans toute sa simplicité. Et même en cours, cela m'aidait à me concentrer. Les commentaires positifs à l'égard de mes dessins me donnaient envie de continuer.
C’est en 6ème, lorsque j’ai commencé les cours de dessin à Brûlon avec Lionel, que j’ai eu l’occasion de redécouvrir les pastels et de m’initier à la peinture à l’huile, qui est aujourd’hui l’un de mes médiums préférés. J’y ai rapidement acquis de solides bases, appris à réaliser des mélanges harmonieux et à recréer avec précision les teintes exactes de mes modèles. Bien que j'ai participé à des cours de dessin avant dans un autre village, rien n'égalait avec ce que j'ai pu apprendre à Brûlon au niveau techniques que mental en me découvrant moi-même.
Avec le temps, le dessin est devenu une véritable passion et un plaisir. Pourtant, au début, les cours pouvaient parfois me sembler longs : deux heures, c’est beaucoup pour un enfant. Tout dépendait des tableaux à réaliser. J’ai vite compris que je pouvais être patiente… mais pas toujours. Aujourd’hui, je sais que certains tableaux m’ont moins réussi parce que je me précipitais, à force d'en avoir marre. Désormais, si un sujet ne me plaît pas rapidement, je préfère m’arrêter, acceptant que tout ne puisse pas m’inspirer.
La peinture à l’huile m’a offert une aisance unique dans le maniement des couleurs et un véritable plaisir créatif. Ce médium permet de créer de magnifiques nuances et jeux d’ombres, parfaits pour un rendu réaliste, ce qui m’a immédiatement séduite. Voir chaque élément s’harmoniser avec précision est une satisfaction indescriptible. Malgré son temps de séchage prolongé, je ne pourrais jamais m’en lasser. Bien que j’utilise parfois des pastels, fusains, acryliques ou aquarelles, aucun ne rivalise avec la sérénité que me procure la peinture à l’huile, notamment lorsque je réalise des portraits ou des œuvres en noir et blanc au réalisme marqué. Dessiner, pour moi, est une forme de pouvoir. C’est la capacité d’être créative, d’assembler des éléments différents pour en faire une œuvre unique. Mais c’est aussi une manière artistique de capturer un instant sur le papier, une alternative sensible et originale à la photographie. Je dessine de tout, bien que je me spécialise principalement dans les portraits et les croquis de paysages qui m’entourent. Même si je ne souhaite pas, pour l’instant, en faire un métier à plein temps, l’art reste pour moi une porte ouverte sur l’infini, un espace où je trouve une sérénité profonde, presque une forme d’ataraxie. On voit que j'aime la philosophie en employant ce mot, mais cela reflète parfaitement l'art en général qui me fascine par toutes ses facettes, passant de la musique à la danse ou les œuvres artistiques manuelles faites avec les mains. C'est pour cela que je rajoute un fond de musique allant par moment avec ce que je souhaite étaler sur mon papier, ce qui m'inspire et me motive à rentrer dans une bulle de bonheur. Évidemment, j’aimerais pouvoir partager mon art, le faire découvrir et le vendre, mais cela resterait une partie, parmi tant d’autres de ma vie. Avoir de nombreuses passions peut parfois sembler difficile à gérer, mais c’est aussi une richesse infinie, semblable à un savoir sans limites. L’art, quant à lui, ouvre l’esprit et nous prépare à accueillir tout ce qui se présente à nous. En conclusion, soyez curieux, laissez-vous porter par l’art. Comme l’a si bien dit Francis Carco, écrivain et poète français : “Tout art s'adresse aux sens, d'abord, plus qu'à l'esprit.” Une citation qui illustre magnifiquement l’importance universelle de l’art dans nos vies.